Zoo City, Lauren Beukes
Résumé :
Zinzi arbore un paresseux symbiotique sur le dos, une sale habitude de faire des arnaques et un talent rare pour trouver les choses perdues. Mais quand les flics lui confisquent sa dernière paie, elle doit se tourner vers le job qu’elle déteste le plus : retrouver les personnes disparues. Engagée par Odi Huron, un producteur renommé, pour retrouver une pop star pour ado disparue, elle pense avoir son ticket de sortie de Zoo City, la ville où les pires criminels d’Afrique du Sud et leurs compagnons animaliers symbiotiques tentent de survivre.
Au lieu de cela, Zinzi doit s’enfoncer dans les bas-fonds de la ville, ravagés par la magie et la criminalité, où elle devra faire face aux sombres secrets de différentes vies passés… dont la sienne.
Mon avis :
Ce livre traînait depuis longtemps dans ma PaL. Trop longtemps. Le challenge ABC 2012 était l'occasion rêvée de le dépoussiérer un peu et d'enfin découvrir ce qu'il cache entre ses pages.
Et je ne le regrette pas un instant !
C'est un roman sombre, où nous découvrons des criminels affublés d'un animal symbiotique : ils sont liés l'un à l'autre et ne peuvent s'éloigner. C'est une nouvelle sorte de racisme : en Afrique du Sud, les animalés sont exclus et suscitent des regards méfiants car l'animal prouve le passé criminel de la personne. Le roman est parsemé d'articles et de reportages sur ce phénomène, et on apprend par exemple qu'au Pakistan, le simple fait de se montrer avec un animal conduit à la prison. Après tout, s'il y a un animal, c'est qu'il y a un crime. Ne reste plus qu'à faire avouer le crime, et pour ça, il suffit de les éloigner l'un de l'autre, pour une torture aussi inédite qu'efficace.
Nous nous concentrons cependant sur Zinzi, en Afrique du Sud, qui vit dans un ghetto. Trouver un travail honnête relève du miracle, et c'est donc avec des petites magouilles qu'elle parvient à survivre tant bien que mal en retrouvant des objets perdus ou en arnaquant des gens. Et tout bascule.
L'auteur nous entraîne avec brio dans une enquête pas comme les autres, et on se surprend à s'attacher à Zinzi et à son paresseux au fil des pages. Drogues, violence, haine, tout est servi avec savoir-faire. Aucune personnage n'est épargné : ils ont tous leur part sombre et on ne voit que ça d'eux. Même les relations amoureuses sont teintées d'obscurité : il ne faut pas s'attendre à des personnages qui se promettent un amour éternel. La magie est présente, sans occuper le devant de la scène. L'enquête est là aussi, sans oublier pour autant le personnage. C'est savamment dosé pour créer ce climat mal sain, parsemé de références très actuelles.
C'est un roman un peu dérangeant, à part, qui en dit plus qu'il n'est écrit. Une lecture très intéressante !