Rivemorte, Chap.104
Publié le par Blanche
Tout est calme, presque trop calme dans le corridor. En réalité, il est désert. Pèire le suit, puis vient le tour de Roscelin. Dans le silence nocturne, quelques ronflements se font entendre. Il y a aussi les battements sourds de son cœur, mais Elland espère que personne d'autre ne peut les entendre. Tandis qu'il surveille le couloir, secondé par Pèire, Roscelin ouvre une porte, réveille l'occupant de la cellule d'un murmure. Quelques secondes s'écoulent, semblables à une petite éternité. Le vieil homme ressort, suivi d'un jeune mage endormi, et répète l'opération à la porte suivante. Puis encore, et encore, jusqu'à ce que le couloir soit rempli de mages aux yeux bouffis par le sommeil. Les étoffes bruissent doucement, mais aucun chuchotement ne vient troubler la quiétude nocturne. Aucun bruit de pas, aucun signe d'armes qui s'entrechoquent. Et même si ça devrait rassurer le voleur, c'est loin d'être le cas. Les gardes savent qu'il y a des intrus dans la tour. Où sont-ils alors ? Partis chercher des renforts ?
La main crispée sur la garde de son poignard, Elland patiente, tous les sens aux aguets. Finalement, Roscelin s'approche d'eux et d'un simple hochement de tête, leur fait comprendre que tout se passe bien. Puis le vieil homme s'immobilise, réfléchit quelques secondes, hésite puis annonce finalement :
- Je passe en premier. Si les gardes sont en embuscade, je pourrais les arrêter plus facilement.
Pèire et Elland hochent la tête en même temps. Le voleur ne peut s'empêcher de se demander dans quoi ils se sont fourrés, et espère que tout se passe aussi bien pour Thémus, Théoliste et Saens. Mais il reporte bien vite son attention sur le vieil homme. Le danger peut être tout proche.
Une paire de torches éclairent chichement l'escalier en colimaçon. Deux marches derrière Roscelin, Elland descend lentement, essayant de deviner l'emplacement d'un quelconque piège. C'est vraiment trop facile. Mais il n'y a pas de fil tendu à hauteur de chevilles, pas de marches piégées, pas de traquenard. Et c'est avec un soupir de soulagement que le voleur voit le vieil homme poser un pied sur les pierres du couloir de l'étage inférieur. Si les gardes avaient dû attaquer, ils l'auraient fait à ce moment, dans l'escalier.
Un léger sourire aux lèvres, Elland descend plus rapidement les dernières marches. Et arrive juste à temps pour réceptionner Roscelin, qui vient de reculer brusquement et de perdre l'équilibre.
- T'as vu quelque …
La fin de sa phrase meurt sur ses lèvres. Quoi qu'ait pu voir le vieil homme, il n'en soufflera pas un mot. Pas avec une flèche fichée en pleine gorge. Le sang ruisselle sur la vieille chemise et un gargouillis étrange se fait entendre. Une seconde flèche siffle aux oreilles d'Elland, qui se baisse vivement. Un coup d'œil rapide lui donne une idée assez précise de la situation : les tables en bois brut de l'étage, auparavant situées près de la cheminée, , sont à présent redressées sur leurs séants, à l'autre extrémité du couloir. Et derrière, six archers, flèches encochées, le visent.
La main crispée sur la garde de son poignard, Elland patiente, tous les sens aux aguets. Finalement, Roscelin s'approche d'eux et d'un simple hochement de tête, leur fait comprendre que tout se passe bien. Puis le vieil homme s'immobilise, réfléchit quelques secondes, hésite puis annonce finalement :
- Je passe en premier. Si les gardes sont en embuscade, je pourrais les arrêter plus facilement.
Pèire et Elland hochent la tête en même temps. Le voleur ne peut s'empêcher de se demander dans quoi ils se sont fourrés, et espère que tout se passe aussi bien pour Thémus, Théoliste et Saens. Mais il reporte bien vite son attention sur le vieil homme. Le danger peut être tout proche.
Une paire de torches éclairent chichement l'escalier en colimaçon. Deux marches derrière Roscelin, Elland descend lentement, essayant de deviner l'emplacement d'un quelconque piège. C'est vraiment trop facile. Mais il n'y a pas de fil tendu à hauteur de chevilles, pas de marches piégées, pas de traquenard. Et c'est avec un soupir de soulagement que le voleur voit le vieil homme poser un pied sur les pierres du couloir de l'étage inférieur. Si les gardes avaient dû attaquer, ils l'auraient fait à ce moment, dans l'escalier.
Un léger sourire aux lèvres, Elland descend plus rapidement les dernières marches. Et arrive juste à temps pour réceptionner Roscelin, qui vient de reculer brusquement et de perdre l'équilibre.
- T'as vu quelque …
La fin de sa phrase meurt sur ses lèvres. Quoi qu'ait pu voir le vieil homme, il n'en soufflera pas un mot. Pas avec une flèche fichée en pleine gorge. Le sang ruisselle sur la vieille chemise et un gargouillis étrange se fait entendre. Une seconde flèche siffle aux oreilles d'Elland, qui se baisse vivement. Un coup d'œil rapide lui donne une idée assez précise de la situation : les tables en bois brut de l'étage, auparavant situées près de la cheminée, , sont à présent redressées sur leurs séants, à l'autre extrémité du couloir. Et derrière, six archers, flèches encochées, le visent.
Le temps semble se figer. Le voleur peut voir la sueur qui dégouline sur la tempe d'un des archers. Leurs regards se croisent une fraction de seconde. Puis six flèches se ruent sur lui. D'un même mouvement, il lâche Roscelin et bondit sur les marches pour se mettre à l'abri. Une douleur atroce lui vrille l'épaule droite. Une autre, moins forte, provient du mollet gauche. Deux empennages de flèche dépassent de son corps, comme d'improbables extensions de lui-même. Les gargouillis sont cessé, tout comme les yeux grands ouverts de Roscelin ont cessé de voir le carnage qui se profile.
Le voleur s'adosse au mur dans un grognement de douleur. Pèire est aussitôt près de lui. Il examine rapidement les blessures, marmonne des paroles incompréhensibles, puis s'accroupit. D'un mouvement vif, il arrache l'arme plantée dans le mollet d'Elland, lui arrachant un cri étouffé. Puis, tout aussi vivement, il déchire un pan de sa chemise, dans le but de bander la plaie. Mais une jeune mage s'approche et interrompt son geste en posant une main douce sur l'avant-bras du tavernier. Elle examine à son tour la blessure. Puis, presque avec tendresse, pose la paume de sa main sur la plaie. Un gémissement échappe au voleur mais rapidement, c'est une sensation d'engourdissement qui remplace la douleur. Prenant d'office le morceau de tissu des mains de Pèire, elle panse la blessure avant de s'intéresser à celle de l'épaule. Malgré la douleur qui irradie jusque dans sa main et dans sa gorge, Elland ne peut s'empêcher de dévisager sa sauveuse. Son petit nez en trompette est retroussé dans une moue peu encourageante. Et ses yeux verts sont masqués par ses sourcils froncés par l'inquiétude. Et malgré la douleur, Elland la trouve très jolie.
Elle monte sur la marche supérieure pour être à la hauteur de l'épaule du voleur et l'arrache d'un coup sec. L'explosion de douleur le fait crier mais aussitôt, elle applique sa main sur la plaie. Et tandis qu'elle enlève l'écharpe qu'elle porte autour du cou pour bander son épaule, elle lui explique :
- Je ne fais qu'atténuer la douleur. Ça n'arrêtera pas le saignement et ça ne te soignera pas. Mais ça dure plusieurs heures. Dès que tu pourras, il faudra voir un médecin.
Elland hoche doucement la tête, les mâchoires crispées, le souffle court. Même si elle atténue la douleur, il sent encore la pointe de métal fouiller sa chair et racler l'os. Cette mission de sauvetage aura été une sacrée réussite.
Le chuchotement nerveux des mages le fait revenir à la réalité. Ils ne peuvent pas rester là. S'il parvient à lever la jambe gauche sans trop de douleur, donc à marcher, techniquement, il lui est parfaitement impossible de bouger son bras. Même plier les doigts est douloureux.
Pèire s'approche doucement de la dernière marche, plaqué contre le mur. Puis, centimètre par centimètre, avance la tête jusqu'à apercevoir les archers. Aussitôt, une flèche vient ricocher contre le mur de l'escalier, le frôlant de peu. Les gardes sont sur le qui-vive. Ils ne les laisseront pas passer. Avant que le voleur n'ai eut le temps de dire quoique ce soit, Pèire remonte à sa hauteur, le visage pâle. Un regard leur suffit pour se comprendre : trop dangereux. Alors Pèire demande à la cantonade :
Quels sont les sorts offensifs de chacun ? Qui pourrait nous aider à neutraliser six archers ?
Un silence gêné lui répond. Puis, c'est un homme qui s'avance dans les escaliers en disant :
- Je … je sais pas si ça peut aider, mais je sais bien faire pousser les plantes.
Elland et Pèire se jettent un regard avant de dévisager l'homme, perplexes. Ce dernier passe une main nerveuse dans ses cheveux avant de marmonner :
- Ben, on pourrait faire pousser plein de plantes de partout. Les archers n'y verraient plus rien et ne pourraient plus passer.
- Oui mais … et nous ? Pour sortir ?
- Ah. Oui. C'est à prendre en compte, en effet. Mais au moins, on sera protégés des flèches.
Elland retient à grand peine un soupir de dépit avant de murmurer :
- Nous devrions déjà emmener le corps de Roscelin loin d'ici. Pour le reste, il faut remonter à l'étage et prendre des meubles, n'importe quoi qui nous permettrait de nous protéger des flèches. Et il doit bien y en avoir un d'utile, dans le tas.
Le regard de Pèire se porte sur l'attroupement de mages dans l'escalier. Il hausse les épaules avant de désigner quatre hommes et de leur demander d'aller chercher tout ce qui pourrait servir de bouclier. Il précise longuement qu'il souhaite quelque chose de solide et d'assez grand. Dans son regard, Elland voit bien que le tavernier aimerait les accompagner, qu'il aimerait s'assurer qu'ils ne ramènent pas de bassines et de cintres. Mais Pèire est parfaitement conscient que si les archers passent à l'attaque, Elland ne sera d'aucune utilité pour défendre les mages.
Le voleur s'adosse au mur dans un grognement de douleur. Pèire est aussitôt près de lui. Il examine rapidement les blessures, marmonne des paroles incompréhensibles, puis s'accroupit. D'un mouvement vif, il arrache l'arme plantée dans le mollet d'Elland, lui arrachant un cri étouffé. Puis, tout aussi vivement, il déchire un pan de sa chemise, dans le but de bander la plaie. Mais une jeune mage s'approche et interrompt son geste en posant une main douce sur l'avant-bras du tavernier. Elle examine à son tour la blessure. Puis, presque avec tendresse, pose la paume de sa main sur la plaie. Un gémissement échappe au voleur mais rapidement, c'est une sensation d'engourdissement qui remplace la douleur. Prenant d'office le morceau de tissu des mains de Pèire, elle panse la blessure avant de s'intéresser à celle de l'épaule. Malgré la douleur qui irradie jusque dans sa main et dans sa gorge, Elland ne peut s'empêcher de dévisager sa sauveuse. Son petit nez en trompette est retroussé dans une moue peu encourageante. Et ses yeux verts sont masqués par ses sourcils froncés par l'inquiétude. Et malgré la douleur, Elland la trouve très jolie.
Elle monte sur la marche supérieure pour être à la hauteur de l'épaule du voleur et l'arrache d'un coup sec. L'explosion de douleur le fait crier mais aussitôt, elle applique sa main sur la plaie. Et tandis qu'elle enlève l'écharpe qu'elle porte autour du cou pour bander son épaule, elle lui explique :
- Je ne fais qu'atténuer la douleur. Ça n'arrêtera pas le saignement et ça ne te soignera pas. Mais ça dure plusieurs heures. Dès que tu pourras, il faudra voir un médecin.
Elland hoche doucement la tête, les mâchoires crispées, le souffle court. Même si elle atténue la douleur, il sent encore la pointe de métal fouiller sa chair et racler l'os. Cette mission de sauvetage aura été une sacrée réussite.
Le chuchotement nerveux des mages le fait revenir à la réalité. Ils ne peuvent pas rester là. S'il parvient à lever la jambe gauche sans trop de douleur, donc à marcher, techniquement, il lui est parfaitement impossible de bouger son bras. Même plier les doigts est douloureux.
Pèire s'approche doucement de la dernière marche, plaqué contre le mur. Puis, centimètre par centimètre, avance la tête jusqu'à apercevoir les archers. Aussitôt, une flèche vient ricocher contre le mur de l'escalier, le frôlant de peu. Les gardes sont sur le qui-vive. Ils ne les laisseront pas passer. Avant que le voleur n'ai eut le temps de dire quoique ce soit, Pèire remonte à sa hauteur, le visage pâle. Un regard leur suffit pour se comprendre : trop dangereux. Alors Pèire demande à la cantonade :
Quels sont les sorts offensifs de chacun ? Qui pourrait nous aider à neutraliser six archers ?
Un silence gêné lui répond. Puis, c'est un homme qui s'avance dans les escaliers en disant :
- Je … je sais pas si ça peut aider, mais je sais bien faire pousser les plantes.
Elland et Pèire se jettent un regard avant de dévisager l'homme, perplexes. Ce dernier passe une main nerveuse dans ses cheveux avant de marmonner :
- Ben, on pourrait faire pousser plein de plantes de partout. Les archers n'y verraient plus rien et ne pourraient plus passer.
- Oui mais … et nous ? Pour sortir ?
- Ah. Oui. C'est à prendre en compte, en effet. Mais au moins, on sera protégés des flèches.
Elland retient à grand peine un soupir de dépit avant de murmurer :
- Nous devrions déjà emmener le corps de Roscelin loin d'ici. Pour le reste, il faut remonter à l'étage et prendre des meubles, n'importe quoi qui nous permettrait de nous protéger des flèches. Et il doit bien y en avoir un d'utile, dans le tas.
Le regard de Pèire se porte sur l'attroupement de mages dans l'escalier. Il hausse les épaules avant de désigner quatre hommes et de leur demander d'aller chercher tout ce qui pourrait servir de bouclier. Il précise longuement qu'il souhaite quelque chose de solide et d'assez grand. Dans son regard, Elland voit bien que le tavernier aimerait les accompagner, qu'il aimerait s'assurer qu'ils ne ramènent pas de bassines et de cintres. Mais Pèire est parfaitement conscient que si les archers passent à l'attaque, Elland ne sera d'aucune utilité pour défendre les mages.