Le diable de Glasgow, Gilles Bornais
Résumé :
Le détective Joe Hackney, une jambe plus courte que l'autre et un caractère aussi sale que son quartier natal, l'East End, ne vit que pour son boulot à Scotland Yard, sa Millie et son alcoolique de mère.
Aussi a-t-il du mal à accepter qu'un jour d'août 1887, son supérieur l'envoie à Glasgow résoudre une simple affaire de cambriolage qui a mal tourné. Faisant à contrecœur équipe avec la police locale, il va rapidement s'apercevoir que les deux homicides sur lesquels il enquête cachent une effroyable série de meurtres commis sur près d'un siècle et portent une même signature : des traces de rouille dans toutes les blessures des victimes...
Sa découverte va l'entraîner dans une course folle à travers l'Ecosse, à la poursuite d'un monstre quasi surnaturel, un diable auréolé de ces sombres légendes qui hantent les Highlands.
Mon avis :
Bon. Un polar historique qui se passe en Ecosse. Et ils croyaient vraiment que j'allais passer à côté ?
Joe Hackney n'a rien d'un héros. Il a été indic avant de devenir détective. S'il réussit si bien ses missions, c'est parce qu'il ne ressemble pas à un policier et parce qu'il connaît la moitié des truands. Il est petit, pas épais, boiteux. Et il a le nom de Millie tatoué sur une main. Sa Millie, dont on perçoit parfaitement les sentiments qu'il lui porte, même si elle est avec un autre, même si elle fait les yeux doux à tous les hommes.
Dès les premières pages, le ton est donné. Hackney n'a pas un langage châtié, ni un profond respect pour ses collègues et patrons. Son chef ? Il le surnomme l'incapable-en-chef. Le superintendant de la police de Glasgow (Innes) et son adjoint (Buchanan) ? « Leur seul vrai point en commun, c'était Innes, fier et épais comme un mac, et Buchanan, avec son sourire de tapineuse de Shaftesbury Avenue. Un encouragement au meurtre... »
Un langage familier, une ironie mordante, comme dans cet extrait :
« Trente-cinq ans à raccommoder les chemises et les pantalons du quartier, plus ceux que le paternel usait derrière son comptoir. Après sa mort, elle avait continué à recoudre toutes ses affaires. Impeccable, la garde-robe du vieux. Il pouvait revenir quand il voulait ! »
Si j'ai eu un peu de mal à ressentir l'époque dans laquelle se passe le récit, j'ai par contre parfaitement ressenti les origines populaires de Hackney. Et sa manière de voir les autres est tout simplement excellente. On est plongé dans des ruelles sombres, des endroits glauques, et pourtant, les émotions sont belles et pures.
Et ce qui m'a plu également, c'est l'intrigue. Car plus ils avancent dans l'enquête, plus ils recueillent d'informations, plus la résolution de l’énigme semble compromise.
J'ai beaucoup aimé l'évolution des relations entre les personnages, l'enquête en elle-même. Et surtout, le fait que Kackney sorte de Glasgow pour s'aventurer dans les Highlands, où je suis déjà allée, et dont je garde un souvenir tout particulier. Entendre parler de la ville où j'ai vécu quelques mois était vraiment une expérience géniale.
La fin m'a surprise : j'avais envisagé cette possibilité avant de décréter que ce n'était pas possible. Et aujourd'hui encore, je reste un peu perplexe. Mais finalement, pourquoi pas ?
Ce fut une vraie découverte, et un excellent moment de lecture par la même occasion. Dès que je peux, je me lance dans la suite de ses aventures.